Le 5 mai
dernier, l’Agence des Espaces Verts (AEV) ainsi que la région Ile-de-France
organisaient au Centquatre un séminaire autour du végétal en ville. Sonia
Woelfflin a pu y assister dans le cadre de son stage chez Via Paysage. La
journée était ponctuée d’intervenants de différents métiers (architectes,
paysagistes, géologue, apiculteur…) autour de tables rondes divisées sous les
thématiques suivantes :
- Ville, fléau ou nouveau berceau écologique ?
- L’équilibre écologique par compensation est-il un message raisonnable en milieu urbain dense ?
- Promesses de natures urbaines
- Quels paysages nourriciers pour demain ?
Pourquoi parler de la nature en ville ?
On observe aujourd’hui plusieurs
tendances. D’un côté, le rêve d’espaces naturels, spacieux et sauvages ; et
de l’autre, la présence de villes toujours plus urbanisées, plus verticales,
transportant leurs lots de fléaux. Face à ce constat, une cohabitation est-elle
possible ?
Dans un contexte de dérèglement
climatique et de pression démographique à venir, le végétal semble être une des
solutions pour améliorer et préparer la ville de demain. Cet événement a mis en
lumière les actuels et futurs enjeux de la ville et de la nature autour de
discussions entre les invités. Les principales idées évoquées sont ici
retranscrites sous forme de bulles, suivis de résumés synthétiques. Il ne
s’agit pas de solutions mais plutôt d’idées soulevées ou d’exemples cités, qui
permettent d’ouvrir une réflexion.
Cette partie a débuté par une
discussion autour une définition de la nature. Peut-on parler d’une ou
plusieurs natures ? La cohabitation entre le végétal et le milieu urbain
soulève différents questionnements : quelle place laisser à la nature ?
Comment déterminer ce qui est à conserver ou à supprimer ? Sous quels
critères peut-on justifier ces interventions ?
Ces interrogations ont mené vers des propositions d’actions ou
de postures à adopter : comment laisser d’avantage de place à la végétation
en ville, comment organiser ces intégrations et construire une pédagogie liée à
ces changements ?
Références citées :
-
Du bon usage de l’arbre, Francis Hallé, Acte Sud, 2011
-
Atlas de la nature à Paris, Apur, 2006
Cette rencontre, entre Roland
Castro, architecte, et François Letourneux, président du Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature, a dessiné deux
postures : d’un côté la création du Central Park du Grand Paris, et d’un
autre la conservation d’une zone non urbanisée.
Le débat animé autour de cet
espace illustre les enjeux actuels d’une opposition ville-nature. Le projet du
Central Park du Grand Paris est socialement défendable mais ne le semble pas du
point de vue de la nature.
Dans cette partie, l’élément
principal émergent est le changement du regard, qui s’est révélé au cours des
discussions. La nature urbaine n’est pas uniquement celle que l’on s’imagine.
C’est aussi, par exemple, la biodiversité particulière qui se développe dans
les friches industrielles ou dans les délaissés urbains. Une prise de
conscience culturelle s’installe peu à peu.
Lorsque l’on laisse la place à
une certaine flexibilité, l’habitat se transforme (le 2ème chantier,
le frontage) et entraîne d’autres formes de natures urbaines.
Référence citée :
-
Reconquérir les rues, Nicolas Soulier,
éditions Ulmer, 2012.
Aujourd’hui des entreprises proposent
de nouvelles idées en termes d’agriculture urbaine et apportent des réponses
aux nouveaux marchés. Plusieurs formes existent déjà : les fermes
urbaines, les fermes verticales ou encore la production hydroponique. Ces
interventions redonnent parfois du sens à des sites en requalifiant des friches
ou en investissant des espaces qui puisent dans l’énergie des bâtiments (data
center). Cependant, la culture urbaine doit faire face à plusieurs
problématiques comme la prise en compte du climat local, ou le prix du foncier,
favorisant les logements plutôt que l’agriculture.
Ne pas opposer ville
et nature, mais les fusionner : vers une application sur le Neruda Lab.
Ce séminaire a permis de soulever
de nombreux éléments reflétant de réelles problématiques actuelles. En
conclusion de cette journée, l’idée générale proposait de s’écarter du débat
des oppositions Homme-nature/ville-campagne mais plutôt d’imaginer leur
interaction.
Cet événement ouvre des
perspectives intéressantes pour la construction du projet Neruda Lab, un espace
dédié à la créativité urbaine et à la culture éco-poétique à Saint-Ouen. Abordant
l’écologie, l’agriculture urbaine, la culture ou encore l’économie sociale et
solidaire, le Neruda Lab pourrait s’emparer de ces éléments et poursuivre leur
développement, notamment en ce qui concerne la pédagogie autour de la place du
végétal en milieu urbain, l’importance de la biodiversité d’un lieu et le développement durable (impact climatique, gestion des ressources, …).