Dans le cadre de son stage chez
Via Paysage, Sonia Woelfflin a pu assister à la conférence internationale qui
se tenait à la Paris Est Design School, le 6 mai dernier. Voici une petite
synthèse de cette journée.
Ce colloque questionnait le design thinking et son impact sur
l’avenir à travers quatre grandes thématiques, reflétant les principaux enjeux
de demain :
- La ville durable, qui éprouve un besoin d’équilibre entre nouvelles technologies et prise en compte des utilisateurs dans les projets de construction et d’aménagement de l’espace urbain.
- L’augmentation démographique des seniors, qui ont des besoins spécifiques de produits et de services.
- Le secteur public, qui se tourne peu à peu vers une prise en compte plus importante de l’expertise des usagers et habitants, dans un travail collectif.
- Les universités, qui adaptent et modifient leurs structures ou leurs enseignements pour mieux appréhender et préparer les futurs professionnels au monde de demain.
Qu’est-ce que le design thinking ?
Le design thinking est un processus qui met
en priorité l’étude des attentes et des besoins des utilisateurs dans la
création d’artefacts. Pour beaucoup, cette prise en compte reste encore
partielle et insuffisante.
C’est une démarche qui favorise
une culture d’exploration : elle prend en compte la valeur du terrain au
travers de déplacements in-situ ;
et l’expérience des utilisateurs par le biais de rencontres avec ces derniers
ainsi que des professionnels. Cette méthode intervient à toutes les étapes du
projet, notamment lors de la phase de prototypage, elle aussi expérimentée sur
le lieu étudié en concertation avec les usagers.
Le design thinking permet de mieux comprendre des réalités, de mieux
appréhender les problématiques sociétales, économiques ou encore climatiques.
Cette approche s’appuie sur l’expertise-utilisateur comme point d’entrée vers
de nouvelles solutions créatives et innovantes, afin d’aboutir à des
propositions désirables, viables et réalisables.
Les nombreux projets présentés
ont démontré l’impact du processus de design
thinking dans la démarche de diverses structures, comme par exemple
Bouygues, qui remet l’usager au centre de la fabrique de la ville, ou Lapeyre,
qui développe une gamme de mobilier de salle de bains correspondant aux besoins
actuels des seniors.
Le design thinking & le
secteur public
Parmi les
présentations de cette journée, l’une m’a parue particulièrement pertinente par
sa simplicité et son efficacité. Chris Lunch, fondateur d’InsightShare, utilise
la vidéo participative comme outil pour intégrer les citoyens dans les
politiques publiques.
Cette démarche découle du constat
selon lequel les formes de concertations traditionnelles ont généralement un
public plutôt passif et non représentatif de la diversité de la population d’un
quartier. Par ailleurs, dans les situations de son étude, les élus manquent
d’informations de terrain et s’appuient trop souvent sur des statistiques ou
des informations médiatiques.
Comment inclure cette
diversité ? Comment mobiliser la population et la rapprocher des
élus ?
La vidéo ici utilisée est un
medium accessible, qui permet aux habitants d’être davantage impliqués. C’est
un format particulier qui fait que l’on écoute la personne filmée sans
l’interrompre. Cela favorise ce que l’on peut appeler « l’oreille
empathique ».
Cette vidéo est le résultat d’un travail collectif, qui s’appuie tout d’abord sur une discussion entre les citoyens autour d’une maquette du lieu ou en situation. Ceci les amène à l’écriture d’un story-board, qui permet de se concerter et de rassembler les remarques. Par la suite, les habitants se filment entre eux, relatant les idées retenues à destination des élus. Cette méthode permet ainsi de dévoiler des problématiques, de trouver des solutions et de les communiquer aux élus, auxquels les citoyens n’ont souvent pas accès.
Source : www.insightshare.org
Cette vidéo est le résultat d’un travail collectif, qui s’appuie tout d’abord sur une discussion entre les citoyens autour d’une maquette du lieu ou en situation. Ceci les amène à l’écriture d’un story-board, qui permet de se concerter et de rassembler les remarques. Par la suite, les habitants se filment entre eux, relatant les idées retenues à destination des élus. Cette méthode permet ainsi de dévoiler des problématiques, de trouver des solutions et de les communiquer aux élus, auxquels les citoyens n’ont souvent pas accès.
La caméra devient alors un bâton
de parole, un outil de co-création qui offre à une population la possibilité
d’être moteur de ces recherches et acteur du changement.
Un processus à favoriser
Ce colloque a
permis de balayer les diverses pratiques actuelles de design thinking et de soulever les principaux enjeux de demain.
C’est un processus à encourager, qui se focalise sur l’expérience des usagers.
Appliqué dans les projets de design, il part des retours-utilisateurs pour
penser les futurs aménagements de la ville, révéler des pratiques et des usages
ou encore extraire des problématiques. Il existe plusieurs manières de
collecter les récits et les expériences d’un groupe. L’outil vidéo en est un
exemple simple et peut être utile à d’autres contextes, comme la recherche-action
menée autour des communautés Biffins (où l’acteur devient lui-même chercheur)
du projet Rues Marchandes, qui souhaite, entre autres, valoriser le statut de
ces marchands-recycleurs auprès des collectivités.