En quoi Pascal Prieur, technicien supérieur à la Ville du Mans et auteur de livres sur les arbustes d'ornement, peut-il être intéressant pour nourrir la réflexion du paysagiste tout comme celui d'architecte-paysagiste?
Il peut l'être par ses études sur le Végétal. Car celui-ci soulève une interrogation et une critique profonde de l'enseignement horticole de ces 30 dernières années, si ce n'est plus!
Penser les plantations non plus uniquement par leurs formes de floraison, leurs ports ou leurs hauteurs adultes approximatives, mais par leurs modes de végétation, tel est son propos.
Et oui, et ce savoir était encore enseigné à l'époque où Gilles Clément était étudiant à l'Ecole Nationale Supérieure d'Horticulture de Versailles d'après une rencontre de l'auteur avec ce dernier. Mais, depuis, les programmes du Ministère de l'Agriculture ont bien oublié ce détail horticulture, pourtant si intéressant pour les concepteurs comme pour les jardiniers.
Car cette technique, qui permet de différencier les plantes selon leurs modes de végétation, donne la possibilité de penser différemment la composition du plan de plantation tout comme l'utilisation du sécateur au détriment du taille-haie...
Le principe repose donc tout naturellement sur la différence entre les plantes poussant de manière basitone (depuis le pied, la souche), acrotone (par le haut, croissance par les bourgeons terminaux) ou à croissance mixte.
Ainsi, il explique de manière très claire la façon dont on doit penser la plantation et encore la taille en fonction de ces trois types.
- Les plantes basotones, dont la pousse part toujours de la base, ne doivent donc absolument pas être taillées à la plantation mais sévèrement un an après. Une taille par recépage permettant d'éclaircir la souche en hiver, avec fréquence d'une fois tous les deux ans pouvant être largement suffisante.
- Les plantes acrotones, elles, dont font partie la plupart des arbustes persistants, devront avoir une taille sévère à la plantation puis, lors d'une volonté de réduction de volume par une taille sévère d'un tiers du sujet en mai-juin. Une taille plus précoce en hiver-début du printemps permettant de les revigorer.
- Les plantes à végétation mixte étant un compromis des deux précédents, dont les méthodes de taille étant encore au stade de recherche.
Un principe de taille, applicable dès la plantation, revenant sur l'ensemble des dogmes fournie par nos enseignants depuis maintenant plus de 30 ans! Car le fait qu'il faut revenir à la juste mesure qui est de dire que "les racines ne fabriquent pas les bourgeons (et donc la croissance aérienne) mais bien l'inverse".
Et ces études, permettant la réduction voire l'élimination des tailles "cubiques" aux tailles-haies des arbustes et des végétaux en général, soulève le problème du temps consacré dans les collectivités à la seule taille des arbustes d'ornement, de 25 à 50 % du temps total!
Deux opportunités s'offrent donc aux paysagistes de remettre en cause leurs acquis scolaires, le site web de Pascal Prieur, www.pascalprieur.com et son livre, "La taille raisonnée des arbustes d'ornement" aux éditions ULMER.
Pour conclure par un principe plus que jamais vivace de nos jours, "tailler moins pour gagner plus".
D'après la conférence du 29 septembre 2011 à Végétal Services, Saint Barthélémy d'Anjou avec Pascal PRIEUR, "La taille des arbustes d'ornement, luxe ou nécessité?".